En visite en Belgique pour le week-end, le pape François a suscité la polémique après avoir tenu des propos controversés sur la place des femmes dans l'Église catholique et sur l’égalité des genres, lors d’un échange à l'université catholique francophone de Louvain-la-Neuve.
Le pape François chahuté par ses fidèles belges. Après un passage au Luxembourg ce jeudi, le souverain pontife est en Belgique ce week-end. A l’occasion du 600e anniversaire de l'université catholique francophone de Louvain-la-Neuve, il devait animer un échange avec ses fidèles dans ce lieu sur le thème de l'écologie et de la crise climatique.
Une lettre rédigée par les étudiants de l'@UCLouvain_be a été lue au pape qui a ensuite répondu à cette lettre.
L'écologie intégrale, mais surtout la place de la femme dans l'Église ont été largement abordées.
"L'Église est femme", a déclaré le souverain pontife. pic.twitter.com/074i6GsJDh— RCF (@radiorcf) September 28, 2024
Interpellé par des étudiants et des professeurs sur la justice sociale et la pauvreté, «majoritairement féminine» en raison du «système de domination», le souverain pontife a apporté une réponse qui n’a pas séduit son auditoire.
«L'Eglise est une femme. Ce qui caractérise la femme, ce qui est féminin, n’est pas déterminé par le consensus ou les idéologies», a affirmé le pape, sans aborder concrètement les perspectives d’évolution des femmes dans l'Église.
Cet échange en Belgique intervenait à quelques jours de l'ouverture au Vatican de l'Assemblée générale du Synode sur l'avenir de l'Église, un vaste chantier du pape qui se penche notamment sur la place des femmes dans cette dernière.
L’université s’indigne d’une «position réductrice» du pape
Dans la foulée de cette intervention, l’université catholique de Louvain a publié un communiqué pour faire part de son «incompréhension» et de sa «désapprobation» après les propos tenus par le pape. Elle a évoqué «une position réductrice» du souverain pontife, allant à l’encontre de la valeur «inclusive» de l’établissement, lorsque le pape a indiqué que la femme est «accueil fécond, soin, dévouement vital».
Valentine Hendrix, l’une des étudiantes présente à cet événement, a assuré être «extrêmement décue» par les propos du pape concernant l’égalité des genres. «Il nous a vraiment laissées sur le côté, on est vraiment choquées de ce qu’il a dit à propos du rôle de la femme dans la société : on a un rôle fécond, conjugal, de maternité, aujourd’hui c'est exactement tout ce dont on veut s’émanciper», a affirmé l’étudiante de 22 ans.
Cette déception a été partagée par le climatologue Jean-Pascal Van Ypersele, figure de l'université catholique francophone, qui a asssuré que le pape «n’a pas été à la hauteur» de l’interrogation posée. «Répondre “L'Eglise est une femme“, c'est tout à fait passer à côté du cœur de l'interpellation», a indiqué ce dernier.
Luc Sels, recteur de la KU Leuven, le pendant flamand de l'université catholique de Louvain, avait déjà abordé cette thématique avec le pape vendredi. Il avait soulevé la «grosse différence entre hommes et femmes dans l'Eglise». «L'Église ne serait-elle pas plus chaleureuse avec une place plus importante accordée aux femmes également dans le sacerdoce ?», a questionné Luc Sels, sans que le pape n’apporte pourtant la moindre réponse.
Le pape suscite la polémique avec un hommage au roi Baudoin
Le pape François a suscité une autre polémique plus tôt ce samedi en s'écartant de son programme officiel pour aller s'incliner à Bruxelles sur la tombe de l'ancien souverain belge Baudouin (1951-1993). Il a notamment salué le «courage» de ce dernier pour s'être opposé en 1990 à la «loi meurtrière» sur l'avortement.
Le palais royal belge a tenu à préciser que le roi Philippe, neveu du roi Baudouin, et son épouse Mathilde avaient accompagné le pape «par courtoisie» lors de cette «visite impromptue au caractère strictement privé» à la crypte royale de Laeken.
Arrivé jeudi soir en Belgique, le pape doit conclure sa visite dimanche par une grand-messe au stade Roi Baudouin à Bruxelles, où sont attendus plus de 35.000 fidèles.